1 mars 2010
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L'édifice calendaire celtique, très original et sophistiqué, qu'avaient élaboré et conservé les druides, s'est, pendant de longs siècles, heurté à celui des Romains que l'Eglise avait adopté. Le musée gallo-romain de Lyon conserve un important document connu sous le nom de Calendrier de Coligny : une grande table de bronze dont cent cinquante fragments furent découverts en 1897 à Coligny dans l'Ain près des vestiges d'un temple gallo-romain. Elle comporte un long texte en langue gauloise, gravé au IIe siècle après J.-C, représentant un calendrier de cinq années solaires (un lustre), soit soixante-deux mois lunaires (douze mois par an plus deux mois inter-calaires de trente jours nécessaires pour harmoni-ser les cours de la lune et du soleil). La singularité de ce système réside dans la périodicité régulière de cette intercalation (trente jours tous les trente mois, sauf tous les trente ans) et dans la concep-tion des unités de temps. Constituées de deux moitiés, sombre et claire, alternées, elles s'emboî-tent les unes dans les autres : la nuit et le jour, les deux quinzaines du mois centrées tour à tour sur la pleine lune puis sur la nouvelle lune, les six mois d'« hiver » du 1er novembre à la fin avril, et les six mois d'« été », du 1er mai à la fin octobre, le lustre avec ses deux ensembles de trente et un mois à tendance hivernale puis estivale, le « siècle » de six lustres (trente ans). Un tel système calendaire per-mettait de suivre au plus près et simultanément le cours de la lune et celui du soleil. On sait, par les controverses sur la date de Pâques qui ont opposé l'Église d'Irlande à celle de Rome, combien ces conceptions calendaires étaient importantes. Il n'est donc pas étonnant que ce soit dans le domaine de la religion populaire qu'on en trouve à travers toute l'Europe occidentale les traces les plus durables. Parmi celles-ci, la « Troménie » de Locronan (du breton tro minihiy tour du territoire monastique) mérite une mention spéciale. Il s'agit d'une procession qui a lieu tous les six ans vers la mi-juillet dans cette petite commune du Finistère suivant un itinéraire circulaire immuable long de onze kilomètres et jalonné de douze stations. Par la façon dont il s'inscrit sur le terrain (distances, orien-tations, niveaux topographiques), il s'est révélé être la projection sur le territoire de Locronan d'un système calendaire similaire à celui de Coligny. Une telle permanence n'est sans doute pas un cas isolé et les recherches menées
Actuellement dans le domaine de l'archéo-astronomie devraient mettre en évidence d'autres survivances du même type.
Actuellement dans le domaine de l'archéo-astronomie devraient mettre en évidence d'autres survivances du même type.